Francis BEBEY : Prince du fleuve Wouri Troubadour de la Chanson et de la Littérature Camerounaise

Francis BEBEY : Prince du fleuve Wouri Troubadour de la Chanson et de la Littérature Camerounaise

Francis Bebey, né le 15 juillet 1929 dans une famille pauvre du quartier Akwa à Douala. Ses parents lui donnent le nom Bebey qui signifie en langue douala « les marées » qui symbolisent chez les Douala ce qui ne passe pas, ce qui est éternel.

Il est initié à la musique par son père qui est pasteur protestant et joue de l’harmonium et de l’accordéon, il grandit donc au son de la musique classique occidentale (Bach, Haendel) tout en gardant une oreille attentive à l’écoute des musiques traditionnelles du terroir qui par la suite deviendront pour lui une passion absolue, un enjeu, un engagement.

Il découvre les musiques traditionnelles africaines en écoutant, en cachette, Eya Mouessé, un voisin qui passe ses nuits à jouer de l’arc à bouche et de la harpe traditionnelle.

Francis Bebey se met à la musique en jouant d’abord du banjo dont le tout premier lui fut offert par son frère aîné Marcel, qui fut en réalité celui qui l’éleva puis il passe à la guitare en 1947.

Trois ans plus tard, il quitte le Cameroun pour Paris où il s’inscrit à la Sorbonne pour préparer une licence d’anglais.

Il rencontre à cette époque son compatriote Manu Dibango qu’il initie au jazz. Ils créent ensemble un trio dans lequel Dibango, pas encore saxophoniste, joue de la mandoline et du piano.

Francis Bebey décide ensuite de partir pour les États-Unis en vue d’étudier la communication et le journalisme. Il compose alors sa première pièce pour guitare, « L’Été du Lac Michigan ».

Journaliste a aussi fait partie de son quotidien. Il rédigera régulièrement articles, études et reportages autour de la musique et des arts africains.

Poète, écrivain, compagnon du verbe, le chanteur et guitariste auteur-compositeur camerounais Francis Bebey fait partie des précurseurs dont le rôle dans la reconnaissance des musiques africaines s’est avéré primordial.

Avec la littérature, Francis Bebey est l’un des écrivains camerounais les plus importants de la période qui a suivi l’indépendance.

Il avait tenté avec grâce le mélange entre les genres traditionnels africains et les genres classiques européens comme on peut le voir par exemple dans La lune est dans un seau. Nouvelles et diracontes (1989).

Son œuvre littéraire, d’inspiration populaire et humaniste, explore le problème universel du conflit des générations tiraillées entre le savoir moderne et la sagesse traditionnelle.

Dans un style littéraire original qui mêle réalité et fiction, Bebey peint la vie de l’Africain moyen avec humour et sensibilité. Son premier roman le Fils d’Agatha Moudio (1967), traduit en cinq langues, lui valut le grand prix littéraire d’Afrique noire. L’ouvrage relate l’histoire d’un jeune villageois qui hésite entre une femme émancipée, dont il est amoureux, et l’épouse choisie par son père.

Il continue à publier plusieurs autres romans (la Poupée Ashanti, 1973 ; le Roi Albert d’Effidi, 1976 ; le Ministre et le Griot, 1992), des nouvelles (Embarras et Cie, 1968 ; Trois petits cireurs, 1972), ainsi que des poèmes (Concert pour un vieux masque, 1980 ; Nouvelle saison des fruits, 1980). Il a également beaucoup écrit sur la musique populaire africaine, notamment un essai, Musique d’Afrique (1979), dans lequel, tout en restant attaché aux traditions musicales africaines, il prône l’ouverture à l’art universel.

Au cours de sa carrière, Francis Bebey a publié une quinzaine d’ouvrages qu’il s’agisse de littérature, de poésie, de théâtre ou encore d’essais. La plupart d’entre eux ont été traduits dans plusieurs langues. Son plaisir de jouer avec les mots s’étend vers plusieurs horizons :

Tous les familiers de la musique africaine ont été bercés au cours des années 1960 par les sons de ce musicien de talent. Francis Bebey savait traduire sur des instruments africains et européens les bruits de l’Afrique profonde à laquelle il accordait une attention particulière.

Auteur compositeur, Francis Bebey avait un humour incomparable. On réentendra avec bonheur « Agatha », « La condition masculine », « Divorce pygmée », « Si les Gaulois avaient su… », ses chansons qui ont fait de lui l’un des musiciens francophones reconnus. Il a obtenu le prix SACEM de la chanson francophone en 1977.

Sa quête des sons musicaux les plus parfaits l’avait conduit à se pencher aussi sur la littérature. Dans la musique, il avait su mélanger les sons du jazz, les mélodies et les rythmes de l’Afrique profonde pour composer des airs aisément reconnaissables : des « bebeyismes ».

Francis Bebey était aussi – et très profondément – un homme de culture…journaliste de radio en Afrique et en France (à Radio-France Internationale), puis rattaché à l’UNESCO comme directeur du Programme de la Musique pour l’ensemble des États membres de l’organisation.

En 1972, sort son premier album, Idiba. En 1974, il décide de se consacrer uniquement à la musique. Il se fait d’abord connaître avec des chansons humoristiques et obtient le Prix de la chanson française décerné par la Sacem en 1977.

Il chantera des compositions plus « sérieuses » et poétiques, en s’accompagnant souvent d’instruments traditionnels (arc à bouche, harpe traditionnelle, sanza, flûte pygmée, guitare, percussions…) de son pays d’origine.

Il se produit dans plus de 75 pays du monde, et dans des salles prestigieuses telles que la Maison de Radio-France à Paris, le Carnegie Hall à New York, la Radio Deutschland à Berlin, le Musée Munch à Oslo ou le Masonic Auditorium à San Francisco.

Il composera également la musique du long métrage Yaaba du réalisateur burkinabé Idrissa Ouedraogo, qui est primé au Festival de Cannes en 19893. Il compose également le générique du film Sango Malo de Bassek Ba Kobhio.

Le 28 mai 2001, il meurt à Paris d’une attaque cardiaque.

Francis Bebey a été honoré du Grand Prix de la Mémoire à l’édition 2013 des Grands prix des associations littéraires.

Il fut l’un des grands ambassadeurs culturels poussant jusqu’à l’extrême l’une des particularités des habitants de ces villes côtières, constamment tournés vers le large, en répondant à l’appel d’un horizon aux dimensions multiples

Sources
Francis Bebey Nana 75105 Mediapart juillet 2020
Francis_Bebey Laroussefr/encyclopedie/personnage/
Kidi Bebey Le monde Afrique Séverine Kodjo-Grandvaux octobre 2016

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